Libérer le singe de l’esprit

To accomplish this task, we must begin by calming our turbulent mind. Our mind behaves like a captive monkey who, in his agitation, becomes more and more entangled in his bonds.

Out of the vortex of our thoughts, first emotions arise, and then moods and behaviors, and finally habits and traits of character. What arises spontaneously does not necessarily produce good results, any more than throwing seeds into the wind produces good harvests. So we have to behave like good farmers who prepare their fields before sowing their seeds. For us this means that the most important task is to attain freedom through mastering our mind.

If we consider that the potential benefit of meditation is to give us a new experience of the world each moment of our lives, then it doesn’t seem excessive to spend at least 20 minutes a day getting to know our mind better and training it toward this kind of openness. The fruition of meditation could be described as an optimal way of being, or again, as genuine happiness. This true and lasting happiness is a profound sense of having realized to the utmost the potential we have within us for wisdom and accomplishment. Working toward this kind of fulfillment is an adventure worth embarking on.

 
Voir “L’art de la méditation”

La non-violence n’est pas une faiblesse

Lorsque nous sommes l’objet d’un abus ou d’une injustice, il est tout à fait légitime d’utiliser tous les moyens appropriés et toute la vigueur nécessaire pour y remédier, mais jamais avec de la haine.

Au plus profond de soi, il faut conserver une compassion invincible et une force intérieure inépuisable.

Il ne s’agit ni de se livrer passivement à la merci de ceux qui nous agressent, ni d’essayer de les détruire par la force, car il s’en trouvera toujours d’autres qui surgiront, mais de découvrir que l’ennemi principal qu’il faut combattre sans merci, c’est la malveillance.

C’est cela qu’il faut comprendre et, dans la mesure du possible, faire comprendre à autrui.

Réflexions sur l’impermanence et la mort

Chaque instant de notre vie a une immense valeur. Pourtant, nous laissons s’écouler le temps qui nous reste comme de l’or fin entre nos doigts. Quoi de plus triste que de se retrouver les mains vides à la fin de sa vie ? Sachons reconnaître le caractère inestimable de chaque seconde de vie. Soyons assez intelligents pour décider d’en faire le meilleur usage, pour notre bien comme pour celui des autres. Avant tout, dissipons l’illusion qui consiste à croire que nous avons ‟ toute la vie devant nous ”. Cette vie passe comme un rêve qui peut s’interrompre à tout moment. Consacrons-nous donc sans plus attendre à l’essentiel pour ne pas être rongés de regret à l’heure de notre mort. Il n’est jamais trop tôt pour développer nos qualités intérieures.

La nature éphémère de toute chose se présente à nous sous deux aspects : l’impermanence grossière – le changement des saisons, l’érosion des montagnes, le vieillissement du corps, les fluctuations de nos émotions – et l’impermanence subtile, qui se manifeste au niveau de la plus petite unité de temps concevable. À chaque instant infinitésimal, tout ce qui semble exister de façon durable change inéluctablement. C’est à cause de cette impermanence subtile que le bouddhisme compare le monde à un rêve, une illusion, un flux perpétuel et insaisissable.

Si la pensée de la mort doit sans cesse habiter l’esprit du pratiquant, elle ne doit pas pour autant le rendre triste ou morbide, mais au contraire l’inciter à employer chaque minute de sa vie pour accomplir la transformation intérieure à laquelle il aspire. Nous avons tendance à nous dire : ‟ Je vais d’abord régler mes affaires actuelles, mener à terme tous mes projets, et une fois tout cela fini, j’y verrai plus clair et pourrai me consacrer à la vie spirituelle ”. Mais en raisonnant ainsi, nous nous leurrons de la pire des manières, car non seulement notre mort surviendra infailliblement, mais le moment et les circonstances qui la provoqueront sont absolument imprévisibles. Toutes les situations de la vie ordinaire, le simple fait de marcher, manger ou dormir peuvent soudain se transformer en causes de mort. C’est ce que le pratiquant sincère doit toujours garder à l’esprit.

Au Tibet, les ermites qui allument leur feu le matin s’entraînent à penser qu’ils ne seront peut-être plus là le lendemain pour en allumer un autre. Ils considèrent même qu’ils ont de la chance si, après chaque expiration, ils peuvent inspirer de nouveau. La pensée de la mort et de l’impermanence est pour eux l’aiguillon qui les encourage chaque jour à poursuivre leur pratique spirituelle.

Tiré de Chemins Spirituels, Petite anthologie des plus beaux textes tibétains, Matthieu Ricard, NiL Editons

Méditation sur l’amour altruiste

Nous avons tous fait, à des degrés divers, l’expérience d’un profond amour altruiste, d’une grande bienveillance, d’une compassion intense pour ceux qui souffrent. Certains êtres sont naturellement plus altruistes que d’autres, parfois jusqu’à l’héroïsme. D’autres sont plus repliés sur eux-mêmes et ont du mal à considérer le bien d’autrui comme un but essentiel, et encore davantage à le faire passer avant leur intérêt personnel.

Même si des pensées altruistes surgissent dans notre esprit, elles sont assez vite remplacées par d’autres, moins nobles, comme la colère ou la jalousie. C’est pourquoi, si nous souhaitons que l’altruisme prédomine en nous, il importe que nous passions du temps à le cultiver car un simple souhait ne suffit pas.

Méditer, c’est se familiariser avec une nouvelle manière d’être. Il faut tout d’abord prendre conscience qu’au plus profond de soi on redoute la souffrance et on aspire au bonheur. Une fois reconnue cette aspiration, il faut ensuite prendre conscience du fait que tous les êtres la partagent.

Comment cultiver l’amour altruiste ?

Imaginons un jeune enfant qui s’approche de nous et nous regarde joyeux, confiant et plein d’innocence. Nous le contemplant avec tendresse et le prenons dans nos bras, tandis que nous ressentons un amour et une bienveillance inconditionnels. Laissons-nous imprégner entièrement par cet amour qui ne veut rien d’autre que le bien de cet enfant. Demeurons quelques instants dans la pleine conscience de cet amour, sans autre forme de pensée. Nous pouvons aussi choisir n’importe quelle autre personne envers qui nous éprouvons une grande tendresse et une profonde reconnaissance.

Souhaitons de tout cœur que cette personne trouve le bonheur et les causes du bonheur, puis étendons cette pensée à tous ceux qui nous sont proches, puis à ceux que nous connaissons moins, puis progressivement à tous les êtres.

Enfin, souhaitons-le à nos ennemis personnels et aux ennemis de toute l’humanité. Dans ce dernier cas, cela ne signifie pas que nous souhaitons qu’ils réussissent dans leurs projets funestes. Nous formons simplement le vœu qu’ils abandonnent leur haine, leur avidité, leur cruauté ou leur indifférence, et que la bienveillance et le souci du bonheur d’autrui voient le jour dans leur esprit. Plus la maladie est grave, plus le malade a besoin de soins, d’attention et de bienveillance. Embrassons ainsi la totalité des êtres dans un sentiment d’amour illimité.

L’interdiction de la corrida, un pas vers la civilisation

En votant pour l’interdiction des corridas, les parlementaires catalans ont déclenché un débat d’ampleur nationale en Espagne. Les défenseurs de la corrida cherchent à faire valoir deux arguments : la tauromachie est une tradition culturelle, elle serait en outre un art. Mais tuer n’est pas un art, et torture n’est pas culture.

Jugeons-en par nous-mêmes en passant en revue ses différentes étapes.* Le taureau est d’abord « préparé ». On raccourcit ses cornes en les sciant à vif, ce qui est aussi douloureux que d’avoir une dent sciée sans anesthésie. On en refaçonne les pointes en les polissant ou en les enduisant de résine. En modifiant la longueur des cornes on fait en sorte que le coup de tête donné par l’animal perde de sa précision et manque sa cible. Le taureau est ensuite transporté parfois pendant 20 heures dans un container étroit sans eau ni nourriture, ce qui l’affaiblit et le déshydrate. Il arrive qu’il en meure. Avant la corrida, on n’hésite pas à lui administrer des tranquillisants et à lui injecter de la vaseline dans les yeux, on insère des aiguilles dans ses testicules et des coins de bois entre ses onglons, on lui donne aussi des coups de planches sur l’échine et les reins en veillant à ne pas laisser de marques.

Vient ensuite la corrida elle-même. Les picadors à cheval enfoncent profondément des piques dans le corps du taureau pour couper les muscles de son cou et les ligaments de sa nuque et ainsi l’empêcher de relever la tête et de donner des coups de cornes de bas en haut. L’opération est répétée une demi-douzaine de fois. Les artères intercostales sont souvent tranchées. Il s’agit d’affaiblir l’animal en lui faisant perdre la moitié de son volume sanguin, soit 7 litres. Simultanément, on l’incite à courir et se fatiguer le plus possible. On le voit alors ouvrir la bouche car il manque d’oxygène.

A présent intervient la pose des banderilles. Tranchantes comme des lames de rasoir et terminées par un harpon, elles sont plantées dans le dos du taureau pour évacuer son sang et éviter qu’il ne meure trop tôt d’une hémorragie interne causée par le travail du picador.

Le matador enfonce ensuite une épée de 85cm dans le garrot de l’animal épuisé. Souvent la lame déclenche une hémorragie interne ou alors déchire un poumon. Dans ce dernier cas, le taureau vomit son sang et meurt asphyxié. Sinon, le matador répète l’opération. Il utilise une petite épée qui est plantée entre les deux cornes de l’animal auquel il lacère le cerveau. Puis il achève le taureau avec un poignard planté à plusieurs reprises dans sa nuque et lui sectionne la moelle épinière. Mais le taureau est robuste et, une fois sur trois, il est encore vivant lorsque l’attelage de mules le traîne hors de l’arène.

Voilà pour l’art. Voilà pour la culture.

Il y a quelques années, le directeur des arènes de Nîmes affirmait à propos du taureau: ‟Dans l’arène, rien ne prouve qu’il souffre.”

Voilà pour la bonne foi.

Le philosophe Francis Wolff, quant à lui, a déclaré que « la corrida est porteuse d’une éthique cohérente et respectueuse des taureaux », et que son interdiction constituait « non seulement une grande perte culturelle et esthétique, mais aussi une perte morale. »**

Voilà pour la morale.

Selon Alain Renaut, un autre philosophe, la corrida représenterait « la soumission de la nature brute (c’est-à-dire de la violence) au libre-arbitre humain, une victoire de la liberté sur la nature. »

Quelle liberté? Celle de tuer?

Le torero Vicente Barrera déclarait ces jours-ci à propos de la tauromachie : « Si l’Etat espagnol reconnaît qu’elle est un art, son interdiction serait aussi absurde que celle d’une peinture que certaines personnes n’apprécieraient pas. »

Suffirait-il de déclarer qu’une activité est un « art » pour étouffer toute objection d’ordre moral, et ignorer l’interdit de faire volontairement souffrir un être vivant qui n’a pas commis le moindre tort ? Si tel était le cas, un tireur d’élite et un maître de l’Inquisition du Moyen Âge seraient de grands artistes, à en juger par leur maîtrise de l’art de tuer et de torturer.

Les aficionados ont annoncé que si la corrida était interdite dans toute l’Espagne, ils porteraient plainte pour atteinte au droit de travailler, droit fondamental inscrit dans la constitution espagnole. Encore faudrait-il que ce travail ne nuise pas à d’autres. Sinon, un tueur à gages, qui vit de son métier, pourrait se prévaloir de ce même droit.

Cette célébration de la domination de l’homme sur la nature, la volonté de présenter la tauromachie comme un art, les considérations économiques associées, la revendication d’une tradition ne sont que des arguments spécieux, non fondés en raison et qui bafouent les valeurs humaines fondamentales. Seules l’ignorance de la souffrance infligée et la cynique arrogance de certains hommes peuvent les conduire à s’octroyer le droit de disposer de la vie d’autres êtres vivants pour manger, s’enrichir, s’amuser, faire du sport, se divertir, le tout avec «art » et au nom de la tradition. Mais cet art est celui de la cruauté et la tradition sa perpétuation.

« Là où coule le sang, l’art est impossible », écrivait le grand peintre Eugène Delacroix.***

A quand l’interdiction en France et dans toute l’Espagne ? Cela montrerait qu’il ne s’agit pas de manipulations politiques, mais simplement d’humanité.

* L’explication détaillée figure dans l’excellent ouvrage de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Ethique animale, PUF, 2008.

** Colloque sur Ethique et esthétique de la corrida, ENS, 16-17 décembre, 2005.

*** Cité par Elisabeth de Fontenay, dans ‟Sur le droit à martyriser et à mettre à mort publiquement un animal”, Revue Semestrielle de Droit Animalier — RSDA 2/2009

(publié par Le Figaro, 4 Août 2010, sous le titre : TRIBUNE – ‟Matthieu Ricard, le moine bouddhiste interprète français du dalaï-lama, prend part au débat sur la tauromachie”).

S’affranchir des automatismes de pensée

Lorsque nous sommes prisonniers d’automatismes mentaux, il faut observer la nature du mécanisme qui nous affecte et reconnaître en nous ce qui n’est pas affecté.

Ce qui nous affecte, c’est un enchaînement de pensées qui sélectionne et isole un aspect de la réalité, ou un événement parmi d’autres, et le magnifie en lui accordant le champ entier de nos pensées. Cet enchaînement va se poursuivre en rajoutant des interprétations et des perceptions de l’objet qui ne correspondent pas à la réalité. Cette distorsion est renforcée par le processus de répétition d’un enchaînement de pensées particulier qui va être joué « en boucle » dans notre esprit et prendre un caractère obsédant, ce qui signifie qu’on se trouve impuissant à l’écarter du champ de nos préoccupations. Que cette obsession soit une attraction ou une répulsion, dans les deux cas elle nous tourmente.

Pour remédier à cela il faut d’abord comprendre ce qui, en nous, n’est pas affecté par l’obsession. Au fond de nous-mêmes, derrière l’écran des pensées, il y a toujours, dans l’exaltation comme dans la dépression, une présence éveillée qui demeure telle qu’elle est, simple et paisible. Généralement, nous n’y prêtons pas attention parce que les images colorées et la fanfare bruyante des constructions mentales monopolisent notre attention.

Cette présence éveillée n’est pas une entité mystérieuse : c’est la nature première de notre esprit, la qualité fondamentale de la conscience qui nous permet de faire l’expérience du monde et de nous-mêmes. Si nous portons notre attention vers elle et nous reposons en elle, nous nous apercevons que le chaos des pensées n’a qu’un caractère « périphérique » qui n’affecte pas vraiment la nature profonde de l’esprit. Nous pouvons alors nous reposer dans cette nature, ce qui agit comme un baume sur nos tourments, calme nos pensées sauvages comme lorsqu’on retire le lait du feu. Placer ainsi les choses dans une perspective plus vaste, redresse les distorsions que nous faisions de la réalité. Le résultat est un regain de paix intérieure.

Une science de l’Eveil

Comment mener mon existence? Comment vivre en société? Que puis-je connaître? Telles sont sans doute les trois questions qui reflètent nos principales préoccupations. Idéalement, la conduite de notre existence devrait nous amener à un sentiment de plénitude qui inspire chaque instant et nous laisse sans regret à l’heure de la mort ; vivre en société autres devrait engendrer le sens de la responsabilité universelle ; la connaissance devrait nous révéler la nature du monde qui nous entoure et celle de notre esprit.

Ces questions ont donné naissance à la science, la philosophie, la politique, l’art, l’action sociale et la spiritualité. Toutefois, une compartimentation artificielle de ces activités ne peut que déboucher sur un dessèchement graduel de l’existence humaine : sans sagesse nourrie d’altruisme, la science et la politique sont des armes à double tranchant, l’éthique est aveugle, l’art futile, les émotions sauvages et la spiritualité illusoire. Sans connaissance, la sagesse s’étiole ; sans éthique, toutes ces activités sont dangereuses, et sans transformation spirituelle elles sont vides de sens.

La différence majeure entre la science et le bouddhisme réside dans leur finalité. Pour le bouddhisme, l’acquisition des connaissances se fait avant tout dans un but thérapeutique. Il s’agit de se libérer de la souffrance dont la cause est une forme particulière de l’ignorance : une conception erronée de la réalité extérieure et du ‟moi” que nous imaginons être le centre de notre être.

La transformation intérieure qui mène à l’Eveil est d’un tout autre ordre que le travail de recherche philosophique ou l’investigation des sciences descriptives. Le bouddhisme est essentiellement une science de l’Eveil et, de ce point de vue, que la terre soit ronde ou plate ne change rien à l’affaire.

Les signes de succès de la vie contemplative sont nombreux, mais le plus important est que la constatation qu’au bout de quelques mois ou de quelques années, notre égoïsme doit avoir diminué et notre altruisme s’être développé. Si l’attachement, la haine, l’orgueil et la jalousie restent aussi forts qu’avant, on a perdu son temps,

Le regard que porte le bouddhisme sur le monde nous permet d’établir une hiérarchie dans nos buts et nos activités et à prendre notre vie en mains. Son analyse des mécanismes du bonheur et de la souffrance nous montre clairement où mènent l’égoïsme et l’altruisme.

En vol au-dessus du Delta de l’Irrawaddy, Birmanie

Vers la fin de l’après-midi, sur un vol de Thaï Airways, entre Bangkok et Kathmandou.

Pour compenser le voile atmosphérique lié à l’altitude, j’ai augmenté légèrement le contraste et la saturation.

Canon Mark 3 Ds, 24-70 mm, f.9, 1/400s, ISO 250

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Forum sur l’altruisme

Au début du mois d’Avril, nous allons ouvrir un forum consacré à la promotion de l’altruisme dans nos sociétés.

Notre époque fait face à de nombreux défis. Notamment, il nous particulièrement difficile de concilier trois échelles de temps différentes : le court terme de l’économie, le moyen terme de la satisfaction de vie, et le long terme de l’environnement. Il y a pourtant un fil d’Ariane qui les relie naturellement et permet d’harmoniser leurs exigences à première vue contradictoires. Il s’agit de l’altruisme.

Si nous avions davantage de considération pour autrui, nous nous ne livrerions pas à des spéculations sauvages, nous veillerions à améliorer les conditions au travail, de la vie familiale, des moyens de transport et de bien d’autres aspects de notre existence, notre vie spirituelle y compris, et nous ne sacrifierions pas inconsidérément le monde que nous allons léguer aux générations à venir.

De ce fait, l’altruisme ne peut plus être considéré simplement comme un noble idéal, quelque peu naïf ; il est, plus que jamais, une nécessité. Il faut avoir l’audace de le reconnaître et de le dire.

Comment encourager l’altruisme dans nos sociétés ? Quels sont les principaux obstacles à cette entreprise ? L’altruisme véritable existe-t-il et pouvons nous le cultiver ? Telles sont les principales questions dont nous allons discuterons.

De l’abandon

Il est bon d’abandonner le plus vite possible le superflu, le vain et l’inutile, et de ne pas y rester attaché par la force de l’habitude. Si je fais une randonnée en montagne, et qu’à mi-chemin je découvre que mon sac à dos est à moitié rempli de provisions et à moitié de cailloux, je me débarrasserai bien sûr avec joie de ces derniers.

De même, dans l’existence, il y a nombre de préoccupations qui ne contribuent en aucune façon à notre bonheur véritable. Alors pourquoi ne pas abandonner ces causes de tourments ?

En revanche il ne faut, à aucun prix, abandonner la poursuite de ce qui en vaut vraiment la peine : la transformation de soi en vue d’accroître le bien-être des autres et de remédier à leurs souffrance.

Quant au sentiment d’être abandonné par autrui, c’est une expérience pénible certes mais, ô combien, inutile. Qu’est-ce qui est abandonné ? Notre être profond ou le sentiment exacerbé de l’importance de soi ? Comment la nature fondamentale de la pleine conscience, cette présence éveillée libre de constructions mentales, pourrait-elle être abandonnée par quelqu’un d’autre? Nous pouvons tout au plus l’oublier nous-mêmes.

Si l’on contemple la nature de la pleine conscience et du moment présent, nous ne sommes pas ce « moi » qui souffre de l’abandon. Nous ne sommes pas davantage la souffrance que nous ressentons. La paix intérieure liée à la présence éveillée de la pleine conscience ne peut être affectée par ces fabrications de l’esprit.