L’invasion des déchets -4

(Extrait de la préface de Matthieu Ricard au Livre de Didier Rueff, ‟Recycle”

Le prix élevé des valeurs matérialistes

Un psychologue américain, Tim Kasser, et ses collègues de l’Université de Rochester, ont montré, grâce à des études s’étendant sur une vingtaine d’années, qu’au sein d’un échantillon représentatif de la population, les individus qui concentraient leur vie sur la richesse, l’image, le statut social et autres valeurs matérialistes promues par la société de consommation, sont moins satisfaits de leur vie.

Ils sont plus déprimés et anxieux, sujets aux maux de tête et d’estomac. Ils boivent plus d’alcool et fument davantage de cigarettes. Ils préfèrent la compétition à la coopération, contribuent moins à l’intérêt public (étant principalement centrés sur eux-mêmes), et se préoccupent peu des questions écologiques. Leurs liens sociaux sont affaiblis et ils comptent moins d’amis. Ils manifestent moins d’empathie et de compassion à l’égard de ceux qui souffrent, sont plus manipulateurs et ont tendance à instrumentaliser les autres selon leurs intérêts. Même leur santé est moins bonne que celle du reste de la population.

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Dans notre monde contemporain, nous sommes plus souvent considérés comme des consommateurs que comme des citoyens, ce qui implique des comportements très différents.

Ces études suggèrent que ce sont ceux qui consomment le plus qui seront les plus indifférents à la quantité de déchets qu’ils produisent et aux conséquences de ces déchets sur la qualité de vie des différentes populations et sur l’environnement. Ils seront également moins intéressés par les solutions qui supposent une vision d’ensemble des problèmes posés ainsi qu’un esprit de coopération.

(A suivre…)

L’invasion des déchets -3

(Extrait de la préface de Matthieu Ricard au Livre « Recycle » de Didier Ruef)

Ainsi que l’écrit Didier Ruef, « Alors que la réutilisation, la valorisation du déchet fait partie du quotidien des sociétés dites en développement, notre société de consommation a transformé le déchet en ordure, en lui ôtant sa valeur économique. »

J’ai moi-même été témoin de cette transformation dans une société qui, il y a 25 ans encore n’avait jamais vu une bouteille de Coca-cola. Lorsque les premières bouteilles en plastique firent leur apparition au Tibet oriental, il n’était pas question de les jeter. La boisson une fois rapidement ingurgitée, le récipient étanche, tout léger qu’il est, était précieusement conservé. Les bouteilles, entières ou débarrassées de leur goulot, servaient de tasse pour boire, de réceptacle pour conserver du lait, de jarre à beurre, de pot pour rassembler des petits objets, de vase pour mettre des fleurs sur l’autel en offrande au Bouddha, de petits abris pour protéger des objets des intempéries, etc. Si d’aventure un voyageur peu soucieux de l’environnement jetait une bouteille de plastique vide sur le bord d’une route, les enfants nomades avaient tôt fait de se saisir de ce précieux butin.

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Vingt-cinq ans plus tard, les bouteilles en plastique ne sont ni rares ni précieuses au Tibet ; elles jonchent les prairies au milieu des fleurs sauvages. Les Tibétains ne leur accordent plus aucune valeur, mais ils n’ont pas encore saisi qu’elles ne sont faites ni d’étoffe, ni de cuir, ni de bois, ni d’aucun autre matériau naturel qui, une fois jeté, aura tôt fait de disparaître, mangé par les animaux, dissous par la pluie ou désagrégé par le temps.

Toutefois, dans l’une des vallées dans laquelle l’association dont je m’occupe a aidé à construire un dispensaire et finance une école, un homme remarquable, un spécialiste de la médecine traditionnelle, un écrivain aussi et un artiste a, une année durant, expliqué aux fermiers et aux nomades que ces déchets joncheraient encore les prairies et les rivières dans un siècle, perturbant la géographie sacrée et nuisant à la santé des êtres vivants. Il a fait disposer un peu partout des containers destinés à recueillir ces ordures jadis inconnues. Une année plus tard, cette vallée était aussi propre qu’un parc suisse.

Les outils nous tout d’abord aidé à survivre, mais leur développement effréné et les déchets qu’ils produisent menacent dorénavant notre survie. Nous sommes maintenant passés d’un monde où l’on produit pour répondre à d’authentiques besoins à une société dans laquelle on s’évertue à ‟créer” artificiellement des besoins. Ainsi est née la société de consommation.

Comme le souligne Didier Ruef, « il est temps de modifier nos comportements et nos modes de fonctionnement sociaux ».

(A suivre)

L’invasion des déchets – 2

(Extrait de la préface de Matthieu Ricard au Livre « Recycle » de Didier Ruef)

Il y a peu de temps, j”ai eu l’occasion de nager au milieu d”une trentaine de requins baleine, au large des côtes du Mexique. Mais dans le faisceau des rayons chatoyants qui illuminait l”océan et les requins qui nous entouraient, flottaient comme de grandes bulles d”eau minérale, des sacs en plastique et des déchets de toutes tailles et, bizarrement, un coupon d”enregistrement de bagage aérien.

Le développement de l”utilisation des outils humains est tel que, pour la première fois dans l”histoire de l’humanité, le foisonnement d”objets manufacturés est susceptible d”engendrer des dommages irréversibles à notre écosystème.

En effet, aux avantages recherchés s”adjoignent des effets secondaires de ce développement sur nos conditions de vie et notre environnement naturel. Les objets et les déchets prolifèrent, des réactions en chaîne sont provoquées par certaines substances libérées dans la nature, des modifications de la surface et de l”atmosphère de la planète sont dues à cette dissémination tout comme à ces outils complexes et puissants utilisés aujourd’hui.

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Des débris de plastique qui pullulent dans l”océan (certains planctons contiennent jusqu’à 30% de leur poids en microparticules de plastique, qu”absorberont à leur tour les cétacés), aux retombées radioactives des 469 explosions nucléaires qui ont eu lieu à ciel ouvert au Kazakhstan à l”époque de l”Union soviétique dans le plus grand mépris du sort des populations locales (aujourd’hui encore, le nombre de cancers et de leucémies chez les adultes et les enfants est effrayant et de nombreux enfants monstrueux continuent de naître), les déchets ont maintenant un effet global sur notre existence.

Vingt-cinq ans après la catastrophe chimique de Bhopal en Inde, des dizaines de milliers de survivants souffrent encore des séquelles des pesticides libérés par l”explosion industrielle qui tua plus de 10.000 personnes (dont 3.500 sur le coup) et n”ont reçu que des indemnités de misère de la grande entreprise américaine Union Carbide, qui reste totalement indifférente à la tragédie humaine qu”elle a causée, bien loin de chez elle.

(A suivre…)

L’invasion des déchets -1

Extrait de la préface de Matthieu Ricard au Livre « Recycle » de Didier Ruef)

De la maîtrise des outils préhistoriques à la submersion par les produits et déchets…

Certains animaux ont appris à utiliser, à façonner parfois des outils rudimentaires. Homo habilis a généralisé la fabrication d’outils et Homo sapiens a élevé cette fabrication à un niveau de sophistication à peine pensable. Le nombre, la puissance et la complexité de ces outils sont tels que les répercussions de leur usage sur la vie de l’homme, des autres espèces vivantes et sur la planète ont multiplié de manière exponentielle ce que les mains nues de l’homme auraient pu accomplir.

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Ces outils ont permis de construire des cathédrales, de sillonner les mers et d’envoyer des fusées sur la lune. Ils m’ont permis, alors que je pataugeais dans l’eau des rives du lac Kokonor au nord-est du Tibet, seul être humain à des kilomètres à la ronde, de discuter avec ma mère de 85 ans qui se trouvait alors dans une campagne de Dordogne, et cela grâce à un petit outil métallique bourré de mécanismes compliqués et qui au Moyen Age m’auraient certainement valu de passer pour un sorcier et de risquer le bûcher.

La fabrication d’un outil consistait tout d’abord à modifier puis à assembler des objets naturels, afin d’aider l’homme à faire mieux et plus vite ce qu’il réalisait à mains nues. Lorsqu’ils n’étaient plus utiles, ces outils et les produits qu’ils ont permis de réaliser, étaient jetés ou délaissés et retournaient à la nature. Des millénaires plus tard, seuls les objets faits de matériaux durs tels que la pierre ont laissé des traces. On les reconnaît grâce à leur forme ou à leur localisation particulières.

L’homme a ensuite appris à faire du feu, à extraire des métaux des minéraux bruts, à mélanger et à faire réagir entre elles des substances et de produire des composés doués de propriétés nouvelles. Ceux-ci sont ensuite abandonnés dans la nature qu’ils contribuent à modifier de diverses façons, souvent de manière imprévisible, avec parfois des conséquences nocives à court ou à long terme.

(A Suivre…)

Le Bhoutan, champion de la préservation de l’environnement

Avant de participer aux rencontres de l’Institut Mind and Life XXIII consacrées à « Ecologie, éthique et interdépendance » (qui peuvent être visionnées sur le site www.dalailama.com et sur Youtube), le spécialiste des neurosciences Richard Davidson, avec qui je travaille depuis plus de 10 ans, son épouse Susan, et Jonathan Patz, (l’un des auteurs principaux du rapport des Nations Unies sur les changements climatiques, IPCC, qui a partagé le Prix Nobel de 2007 avec l’ancien Vice-président des Etats-Unis, Al Gore) et moi-même avons eu l’opportunité de séjourner au Bhoutan. Nous avons pu y dialoguer avec le Premier Ministre, Lyonchen Jigme Trinley, et plusieurs autres ministres et personnes jouant un rôle clé dans la mise en oeuvre de la politique du Bonheur National Brut.

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Le ministre de l’agriculture et de l’environnement, Lyonpo Pema Gyamtsho, nous a parlé plus particulièrement des perspectives écologiques du pays.

— 80% de la surface du Bhoutan est en « couverture naturelle » (composée à 60% de forêts), un pourcentage plus élevé qu’il y a 20 ans.

— 51% du pays est protégé en parcs nationaux.

— D’ici 5 ans, l’agriculture Bhoutanaise utilisera exclusivement des produits organiques. Le Bhoutan proscrira tout recours aux fertilisants et aux pesticides chimiques.

— Le Bhoutan projette également d’atteindre l’objectif de « 0% de contribution carbone » dans quelques années (c’est-à-dire de ne pas émettre plus de dioxyde de carbone que sa couverture végétale n’en absorbe).

Le Bhoutan abrite l’une des réserves de biodiversité les plus riches au monde, dans ses paysages qui se déploient depuis la forêt tropicale, à la frontière avec l’Inde, jusqu’aux glaciers himalayens qui bordent le Tibet (le Kangkar Punsum, à 7 500m d’altitude, est le plus élevé des pics qui n’ont jamais étés gravis)

L’ensemble de ces caractéristiques est unique au monde pour un pays de 600 km de long, plus grand que la Suisse. Le Bhoutan offre ainsi un exemple modèle d’une politique environnementale volontariste qui allie vision à long terme et mise en œuvre efficace.

Quelques vues du Bhoutan prises durant notre récente visite

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L’incroyable histoire de Joynal Abedin

A 61 ans, au Bengladesh, Joynal Abedin pédale toute la journée sur un « rickshaw », un gros tricycle commun en Asie, avec une banquette à l’arrière, prévue pour deux personnes et mais sur laquelle il n’est pas rare que trois ou quatre passagers prennent place. Abedin gagne l’équivalent de 4 euros par jour.

« Mon père est mort parce que nous ne pouvions pas l’emmener à l’hôpital, qui était une marche de deux jours à partir de là. J’étais tellement en colère. Les gens ici pensent que parce que nous sommes pauvres, nous sommes impuissants. Je voulais prouver qu’ils ont tort. » Joynal Abedin partit pour la ville avec une seule chose en tête : construire un hôpital dans son village, Tanhashadia. Il se promit de revenir seulement quand il aurait suffisamment d’argent pour commencer.

Il pédala ainsi sur son rickshaw pendant trente ans, mettant chaque jour de côté la moitié de ses gains. A l’âge de 60 ans, il avait enfin épargné 3000 euros, de quoi commencer son projet. Il revint au village et put réaliser son rêve : il construisit l’hôpital.

Au début, il ne réussit pas à trouver des médecins. « Ils ne me faisaient pas confiance » dit-il ; il commença donc avec du personnel paramédical. Mais rapidement, les gens commencèrent à apprécier le travail incroyable qu’il accomplissait, et de l’aide vint à lui. Maintenant, l’hôpital du village, bien que modeste, traite 300 patients par jour. L’hôpital est maintenu grâce aux contributions minimes payées par les patients, auxquelles s’ajoutent les dons, souvent anonymes, qui ont commencé à affluer après que les journaux aient commencé à parler de son histoire.

A 62 ans, Abedin pédale toujours sur son rickshaw, transportant infatigablement des passagers, épargnant chaque coup de pédale pour aider les autres.

BBC, World Service, Outlook, 21 Mars, 2012 (en anglais)

Reportage télévisé (en anglais)

Cérémonies du 49ème jour en l’honneur de Kyabjé Trulshik Rinpoché

Les cérémonies et les offrandes marquant le 49ème jour du parinirvâna Kyabjé Trulshik Rinpoché auront lieu de façon élaborée le 20 Octobre, au monastère de Sitapala au Népal, et dans de nombreux autres endroits dans le monde. Au Népal, de nombreux maîtres et disciples se sont rassemblés pour cette occasion. Dilgo Khyentsé Yangsi Rinpoché, Dudjom Yangsi Rinpoché, Shéchèn Rabjam Rinpoché sont revenus du Bhoutan, tandis que Péma Wangyal Rinpoché, Jigmé Khyentsé Rinpoché, Rangdröl Rinpoché, Sangsang Rinpoché et de nombreux autres maîtres étaient restés à Katmandou tout au long des cérémonies. Suite à cela, à un moment opportun, la relique du corps de Kyabjé Trulshik Rinpoché (le kudung) sera sans doute transporté au monastère de Thubten Chöling, dans le Solokhumbu, de sorte que les disciples puissent continuer d’accomplir des cérémonies d’offrande et rendre hommage au Kudung.

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L’histoire d’Elissa

Elissa vivait près de New York. En 1996, alors qu’elle voyageait en Bosnie, on lui montra la lettre d’un jeune garçon, Kenen, qui avait perdu les deux bras et demandait de l’aide pour se faire faire des prothèses. Emue par son cas, Elissa contacta des hôpitaux et des compagnies aériennes et, dans les 24 heures, elle avait trouvé le moyen de faire venir l’enfant à New York afin qu’il y soit appareillé. Elle hébergea Kenen chez elle pendant les quatre mois nécessaires à la fabrication des prothèses et la rééducation.

Cet événement encouragea Elissa à en faire davantage. Elle créa une petite ONG, Global Medical Relief Fund, pour offrir des soins médicaux et des prothèses à des enfants victimes de guerre en Bosnie, au Libéria, en Irak, en Somalie et autres pays.

« Le courage de ces enfants est incroyable», dit-elle, « un petit garçon que je viens d’amener ici a perdu la vue et un bras. J’ai consulté une vingtaine de spécialistes, mais ses yeux étaient trop abîmés pour permettre une greffe de la cornée. Par contre, il a maintenant un bras tout neuf. » A un journaliste qui lui demandait comment il se sentait, il répondit avec un grand sourire : « Maintenant, avec mon bras, je peux chercher mon chemin ».

Elissa et son mari ont finalement gardé Kenen auprès d’eux. « C’est un exemple pour tous les enfants que j’amène ici. Ils le regardent et disent : « S’il y arrive, lui, un triple amputé, moi aussi je peux le faire ».

A la question : « Pensez-vous que tout le monde puisse être capable d’un dévouement semblable au vôtre ? » Elissa répond : « Oui, quiconque a de l’amour dans son cœur. C’est tout ce qu’il faut. »

Un détail intéressant. Avant son voyage en Bosnie, Elissa souffrait d’une anxiété chronique débilitante. A mesure qu’elle s’est consacrée aux autres, ses crises d’anxiété ont diminué, jusqu’à disparaître.

D’après Stephen G. Post, (2011). The Hidden Gifts of Helping

Jean Vanier, foundateur de l’Arche

Depuis des années je souhaitais avoir la chance de rencontrer Jean Vanier. L’opportunité s’est présentée dans le cadre de l’Université d’été du MEDEF, qui ne réunit pas seulement des chefs d’entreprises, mais aussi des entrepreneurs sociaux et des grands cœurs qui se mettent au service des autres. Lors d’une table ronde consacrée au thème « Investissez-vous ! », en présence notamment de Jeannette Bougrab, secrétaire d’état chargée de la Jeunesse et de la vie associative auprès du ministre de l’éducation.

Voici quelques une des paroles qu’il prononça:

« La richesse n’est que relative. Je n’ai pas tellement envie que les riches aient moins d’argent et les pauvres plus. Ce dont j’ai envie, c’est qu’ils se rencontrent, qu’ils s’écoutent mutuellement. Ce n’est que par l’écoute mutuelle qu’il peut y avoir de vrais rencontres, que les gens changent et que les choses changent. Un jour, lorsque j’étais dans la marine, je me suis dis que je pouvais utiliser mes énergies autrement : je voulais être un disciple de Jésus, de Martin Luther King, de Mahatma Gandhi, de gens qui ont lutté pour la paix et la justice d’une façon non-violente. En 1940, j’ai découvert qu’il y avait des personnes handicapées enfermées dans des institutions, maltraitées, considérées comme des fous. Je ne voulais pas m’insérer dans le système. Tout ce que j’ai pu faire c’est accueillir deux hommes qui étaient dans ces institutions violentes et douloureuses. J’ai commencé à vivre avec eux. On était tous les trois. C’est moi qui faisais la cuisine. Alors, on mangeait très mal. Mais j’ai découvert des choses très importantes. Je croyais que l’allais leur « faire de bien », mais c’est eux qui m’on mis sur le chemin, qui m’on aidé à comprendre qu’il faut faire descendre les murs qui empêchent les gens de se rencontrer.

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« Vivre ensemble, découvrir la beauté de la relation avec des personnes qui n’ont pas pu développé leur intelligence, leurs capacités, mais ont cependant la capacité de célébrer la vie, d’être heureux. Dans un monde ou l’on cherche à être indépendant, de « gagner », etc.

« L’Arche a grandi. Nous avons maintenant 150 à travers le monde, dans des lieux complexes — Haïti, Palestine, Bangladesh, en France et dans la plupart des pays de l’Europe. Ce sont des maisons ou les personnes handicapées vivent ensemble avec les autres, en travaillant, en rigolant, en célébrant la vie ensemble. Certaines de ces communautés sont petites, mais elles sont un signe, celui de l’espérance. Notre monde souffre de désespérance. Nous pouvons toujours être un signe d’espoir pour les autres. Il y a beaucoup de gens merveilleux.

« Ce que j’ai découvert, c’est que chaque être humain, c’est la même chose. Mais on se cache derrière des murs, des murs de pouvoir, des murs de possession. Alors la seule chose que j’aurais à dire c’est que ce qui est important — et vous le savez bien — c’est que les entreprises aiment mieux payer des amendes que d’accueillir des personnes avec un handicap. Ce faisant, ils se privent de quelque chose. J’aimerai vous dire des choses qui peuvent vous paraître idylliques, impossibles mais vraies : si vous écoutez et si vous faites entrer dans vos entreprises des hommes et des femmes avec un handicap, qui n’ont peut-être pas beaucoup de compétences, mais qui, même s’ils sont fragiles, sont quand même compétents dans un domaine. Surtout, ils peuvent amener un esprit nouveau. C’est cela que j’ai découvert et c’est cela que l’Arche répand un peu à travers le monde : les gens comprennent qu’ils faut briser les murs, écouter, se mettre ensemble, être heureux d’être des humains ensemble. La seule chose que j’aime dire à vos entreprises, c’est : donnez-vous la joie d’accueillir des hommes et des femmes qui sont peut-être très fragiles, mais chacun peut apporter des compétences et faire de votre entreprise un lieu plus vrai et plus humain.»

Jean Vanier est né en 1928 à Genève et effectue la plus grande partie de sa scolarité en Angleterre. Il assiste sa mère à la Croix Rouge de Paris et aide les personnes revenant des camps de concentration. En 1945, Jean devient officier et entame sa carrière dans la Marine Royale Britannique. En 1950, il démissionne de l’armée pour étudier la philosophie et la théologie à l’Institut Catholique de Paris. En 1963, après avoir publié sa thèse sur Aristote, il retourne au Canada pour enseigner à l’université de Toronto. En 1964, Jean décide de s’installer en France à Trosly pour vivre avec des personnes ayant une déficience intellectuelle et achète une petite maison pour les accueillir, un lieu qu’il baptise «L’Arche» en référence à l’arche de Noé. Aujourd’hui, il existe 150 communautés de l’Arche dans 30 pays.