Lorsque nous sommes prisonniers d’automatismes mentaux, il faut observer la nature du mécanisme qui nous affecte et reconnaître en nous ce qui n’est pas affecté.
Ce qui nous affecte, c’est un enchaînement de pensées qui sélectionne et isole un aspect de la réalité, ou un événement parmi d’autres, et le magnifie en lui accordant le champ entier de nos pensées. Cet enchaînement va se poursuivre en rajoutant des interprétations et des perceptions de l’objet qui ne correspondent pas à la réalité. Cette distorsion est renforcée par le processus de répétition d’un enchaînement de pensées particulier qui va être joué « en boucle » dans notre esprit et prendre un caractère obsédant, ce qui signifie qu’on se trouve impuissant à l’écarter du champ de nos préoccupations. Que cette obsession soit une attraction ou une répulsion, dans les deux cas elle nous tourmente.
Pour remédier à cela il faut d’abord comprendre ce qui, en nous, n’est pas affecté par l’obsession. Au fond de nous-mêmes, derrière l’écran des pensées, il y a toujours, dans l’exaltation comme dans la dépression, une présence éveillée qui demeure telle qu’elle est, simple et paisible. Généralement, nous n’y prêtons pas attention parce que les images colorées et la fanfare bruyante des constructions mentales monopolisent notre attention.
Cette présence éveillée n’est pas une entité mystérieuse : c’est la nature première de notre esprit, la qualité fondamentale de la conscience qui nous permet de faire l’expérience du monde et de nous-mêmes. Si nous portons notre attention vers elle et nous reposons en elle, nous nous apercevons que le chaos des pensées n’a qu’un caractère « périphérique » qui n’affecte pas vraiment la nature profonde de l’esprit. Nous pouvons alors nous reposer dans cette nature, ce qui agit comme un baume sur nos tourments, calme nos pensées sauvages comme lorsqu’on retire le lait du feu. Placer ainsi les choses dans une perspective plus vaste, redresse les distorsions que nous faisions de la réalité. Le résultat est un regain de paix intérieure.