En entendant une porte grincer, l’optimiste pense qu’elle s’ouvre et le pessimiste qu’elle se ferme.
Les psychologues ont longtemps cru que les personnes légèrement dépressives étaient les plus « réalistes ». Les optimistes en effet ont tendance à se rappeler plus souvent les événements plaisants que les situations douloureuses et à surestimer leurs performances passées et leur maîtrise des choses.
Pourtant, des travaux récents ont montré qu’il ne faut pas se contenter de prendre en considération l’évaluation objective, distanciée et méfiante de la réalité à laquelle se livrent les pessimistes. Lorsqu’il ne s’agit pas seulement de tests qui ressemblent à des jeux, mais de situations de la vie quotidienne, les optimistes sont en fait plus réalistes et pragmatiques que les pessimistes. Si l’on présente par exemple à des consommatrices de café un rapport sur l’augmentation du risque de cancer du sein causé par la caféine, une semaine plus tard, les optimistes se souviennent mieux des détails de ces rapports que les pessimistes et en tiennent plus compte dans leur conduite. De plus, ils se concentrent attentivement et sélectivement sur les risques qui les concernent vraiment, au lieu de s’inquiéter inutilement et inefficacement de tout. Ainsi ils restent plus sereins que les pessimistes et réservent leur énergie pour de vrais dangers.
Par ailleurs, si l’on apprend à ces personnes déprimées à remédier spécifiquement au pessimisme en transformant leur vision des choses, elles sont moins sujettes à des rechutes dépressives. Il y a des raisons précises à cela. Les psychologues décrivent en effet le pessimisme comme un mode d’explication du monde qui engendre une impuissance acquise.
Même si l’optimiste rêve un peu quand il envisage le futur (en se disant que cela finira bien par s’arranger, alors que ce n’est pas toujours le cas), son attitude est plus féconde, car avec l’espoir de réaliser cent projets, suivi d’une action diligente, l’optimiste finira par en réaliser un grand nombre. À l’opposé, en espérant n’en réaliser que dix, le pessimiste réalisera encore moins, car il va consacrer peu d’énergie à une tâche qu’il estime compromise d’avance.
L’espoir est la conviction que l’on peut trouver les moyens d’accomplir ses buts et développer la motivation nécessaire à leur accomplissement. L’optimiste ne renonce pas rapidement : fort de l’espoir qu’il va réussir, il persévère et réussit plus souvent que le pessimiste, surtout dans des circonstances adverses.
Repartir de zéro (au lieu de terminer à zéro), comprendre qu’il est essentiel de faire des efforts soutenus dans la direction qui semble la meilleure (au lieu d’être paralysé par l’indécision et le fatalisme), utiliser chaque moment présent pour progresser, apprécier, agir, jouir de la paix intérieure (au lieu de perdre son temps à ruminer le passé et à redouter l’avenir)
Comme l’écrivait Hetty Hillesum : ‟Quand on a une vie intérieure, peu importe, sans doute, de quel côté des grilles du camp on se trouve […] J’ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout m’est connu. Aucune information nouvelle ne m’angoisse plus. D’une façon ou d’une autre je sais déjà tout. Et pourtant, je trouve cette vie belle et riche de sens. A chaque instant.”