L’optimisme éclairé (première partie)

L’optimisme éclairé engendre une attitude ouverte, créatrice et libératrice qui permet d’embrasser spontanément l’univers et les êtres au lieu de se retrancher derrière le sentiment de l’importance de soi.

Il y a de nombreuses façons de faire l’expérience du monde. Voir la vie en or, c’est essentiellement se rendre compte que tous les êtres, y compris nous-même, ont en eux un extraordinaire potentiel de transformation intérieure et d’action. C’est aborder le monde et les êtres avec confiance, ouverture et altruisme. Mais cela ne signifie pas qu’il faille se voiler la face devant la réalité et déclarer avec une naïveté béate que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le juste équilibre consiste à allier une puissante détermination et une parfaire disponibilité à venir en aide aux êtres à une vision vaste, qui ne perd jamais de vue ce potentiel de transformation même lorsque la souffrance semble omniprésente. Cela nous évite de tomber dans l’autre extrême, lequel consiste à voir la vie en gris et penser qu’elle est vouée à l’échec et au malheur, qu’on ne peut rien en faire de bon, pas plus qu’on ne peut sculpter un morceau de bois pourri.

Comme l’écrivait Alain : « Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait de son bois au feu, au lieu de pleurer sur des cendres 10 ! »

Mais il y a une dimension encore plus fondamentale de l’optimisme, celle de la réalisation du potentiel de transformation que nous avons souvent mentionné et qui se trouve en chaque être humain, quelle que soit sa condition. C’est finalement cela qui donne un sens à la vie humaine. L’ultime pessimisme revient à penser que la vie dans son ensemble ne vaut pas la peine d’être vécue. L’ultime optimisme, à comprendre que chaque instant qui s’écoule est un trésor, dans la joie comme dans l’adversité. Ce ne sont pas là de simples nuances, mais une différence fondamentale dans la façon de voir les choses. Un tel écart de perspectives est lié au fait d’avoir ou non trouvé en soi cette plénitude qui est seule apte à nourrir une paix intérieure et une sérénité de tous les instants.

Ce n’est donc pas l’énormité de la tâche qui importe, mais la magnitude de notre courage.