Libérer le singe de l’esprit

To accomplish this task, we must begin by calming our turbulent mind. Our mind behaves like a captive monkey who, in his agitation, becomes more and more entangled in his bonds.

Out of the vortex of our thoughts, first emotions arise, and then moods and behaviors, and finally habits and traits of character. What arises spontaneously does not necessarily produce good results, any more than throwing seeds into the wind produces good harvests. So we have to behave like good farmers who prepare their fields before sowing their seeds. For us this means that the most important task is to attain freedom through mastering our mind.

If we consider that the potential benefit of meditation is to give us a new experience of the world each moment of our lives, then it doesn’t seem excessive to spend at least 20 minutes a day getting to know our mind better and training it toward this kind of openness. The fruition of meditation could be described as an optimal way of being, or again, as genuine happiness. This true and lasting happiness is a profound sense of having realized to the utmost the potential we have within us for wisdom and accomplishment. Working toward this kind of fulfillment is an adventure worth embarking on.

 
Voir “L’art de la méditation”

Trois indicateurs essentiels : produit national brut, satisfaction de vie (« bonheur national brut ») et qualité de l’environnement.

Le PNB, initialement conçu pour gérer la crise de 1929, ne peut servir qu’à mesurer un seul aspect de la qualité de vie. La révolution scientifique, technologique et industrielle qui a pris de l’ampleur à partir du 19e siècle a conduit à une amélioration des conditions de vie (augmentation considérable de l’espérance de vie, amélioration de la santé, de l’accès à l’éducation, plus grande justice sociale, progrès vers l’égalité des hommes et des femmes etc.) Mais aujourd’hui nombre de facteurs associés à la croissance née de cet essor ont des effets délétères sur la qualité de vie et sur l’environnement. Il semble même que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité les activités humaines pourraient avoir bientôt un effet nocif irréversible sur notre écosystème.

Il importe donc d’introduire de nouveaux critères permettant de juger de la prospérité des nations. Aucun état ne souhaite avoir le sentiment que sa prospérité décline. Aujourd’hui, toute baisse du PNB et de la croissance économique donne lieu à un constat d’échec. En revanche si la richesse d’une nation était mesurée à la fois en termes de PNB, de satisfaction de vie (ou BNB, « bonheur national brut) et de qualité environnementale, les dirigeants et les citoyens pourraient se réjouir d’une croissance annuelle des deux derniers indicateurs, même en cas de baisse corrélative du PNB .

Selon Richard Layard, professeur à la London School of Economics « Nous avons plus de nourriture, plus de vêtements, plus de voitures, des maisons plus grandes, plus de chauffage, plus de vacances à l’étranger, une semaine de travail plus courte, un travail plus agréable et, surtout, nous sommes en meilleure santé. Et pourtant, nous ne sommes pas plus heureux… Si nous voulons rendre les gens plus heureux, il faut vraiment que nous identifions les conditions propices à leur épanouissement ainsi que les moyens de mettre celles-ci en œuvre » (Le Prix du bonheur : Leçons d’une science nouvelle, voir Le Prix du bonheur : Leçons d’une science nouvelle).

On ne peut s’attendre à ce que la qualité de vie soit un simple sous-produit de la croissance économique, car les critères de l’une et de l’autre sont différents. Le bonheur national brut—qui vise à réduire la souffrance et à augmenter le bien-être—doit être évalué selon des critères qui lui sont propres et doit être poursuivi pour lui-même. Une science y correspond, celle de l’étude de la satisfaction de vie chez les individus, aussi bien dans le moment que sur la durée, et des corrélations entre leur niveau de satisfaction et divers autres facteurs extrinsèques (ressources financières, rang social, éducation, degré de liberté, niveau de violence dans la société, situation politique), et intrinsèques (recherche d’un bonheur hédonique ou eudémonique, optimisme ou pessimisme, égocentrisme ou altruisme, etc.). Les bienfaits de telle ou telle politique devraient ainsi être évalués en tenant compte des effets sur la satisfaction de vie, tout comme des répercussions sur l’environnement

Sur l’impermance de toutes choses

PADMASAMBHAVA (VIIIe siècle)

Comme le torrent se précipite vers la mer,

Comme le soleil et la lune glissent par-delà les montagnes du couchant,

Comme les jours et les nuits, les heures et les instants s’enfuient,

La vie humaine s’écoule inexorablement.

NAGARJUNA (1er siècle)

Si cette vie que bat le vent de mille maux

Est plus fragile encore qu’une bulle sur l’eau,

Il est miraculeux, après avoir dormi,

Inspirant, expirant, de s’éveiller dispos !

Tiré de Chemins spirituels Petite anthologie des plus beaux textes tibétains, Matthieu Ricard, NiL Editons

Qu’est-ce que le bouddhisme entend par Eveil ?

L’Eveil est la fin de toute méprise quant à la nature de la réalité, associée à une compassion sans limites. Une connaissance qui n’est pas, comme dans la science, une accumulation de données, mais une compréhension des modes d’existence relatif (la façon dont les choses nous apparaissent) et ultime (leur véritable nature) de notre esprit et du monde. Cette connaissance est l’antidote fondamental de l’ignorance et de la souffrance.

Par ignorance on n’entend donc pas ici un simple manque d’information, mais une vision fausse de la réalité qui nous fait croire que les choses sont permanentes et solides, et que notre moi existe vraiment, et à cause de laquelle nous confondons le plaisir passager ou le soulagement d’une souffrance avec le bonheur durable. C’est cette ignorance qui nous pousse également à tenter de construire notre bonheur sur la souffrance des autres.

Nous nous attachons à ce qui peut satisfaire notre moi et nous éprouvons de la répulsion pour ce qui paraît lui nuire. De fil en aiguille, les événements mentaux s’enchaînent, engendrent de plus en plus de confusion dans notre esprit et aboutissent à un comportement totalement égocentrique. L’ignorance se perpétue et notre paix intérieure est détruite.

La connaissance dont parle le bouddhisme est l’antidote ultime de la souffrance. Dans cette perspective, if faut convenir que connaître la luminosité des étoiles ou la distance qui les sépare n’est pas d’une utilité absolue et ne nous apprend pas même comment devenir de meilleurs êtres humains.

On cite le cas d’un homme qui interrogea le Bouddha sur certains points de cosmologie. Ce dernier prit une poignée de feuilles et demanda au visiteur : ‟Y a-t-il plus de feuilles dans mes mains, ou dans la forêt ?” ‟Il y en a certes bien plus dans la forêt,” répondit l’homme. Le Bouddha poursuivit : ‟Eh bien, les feuilles que je tiens dans ma main représentent les connaissances qui conduisent à la cessation de la souffrance.”

Le Bouddha montrait ainsi l’inutilité de certaines interrogations. Le monde offre un champ d’études illimitées, aussi nombreuses que les feuilles de la forêt. Si ce que l’on désire par-dessus tout dans cette vie est d’atteindre l’Eveil, il est préférable de s’y consacrer entièrement en rassemblant dans ses mains les seules connaissances qui concourent à la réalisation de ce souhait.

L’Université de Nalanda

Après Kusinagar et Kesaria, le pèlerinage nous a conduits à la grande Université de Nalanda située à environ 90 km au SE de Patna et à quelques kilomètres de Rajgir.

Nalanda fut une des premières universités du monde et la plus grande université bouddhiste de l’histoire. Elle fut établie au temps de la dynastie Gupta pendant le règne de l’empereur Karagupta. Le complexe fut érigé en briques rouges et ses ruines s’étendent sur 14 hectares.

On dit que le Bouddha a séjourné plusieurs fois à Nalanda. Plus tard, l’empereur Ashoka (250 BC) y construisit un stupa à la mémoire de Sharipoutra, un des deux plus proches disciples du Bouddha. Les ruines de ce stupa sont aujourd’hui le plus grand monument de Nalanda (voir photo ci-dessous).

Beaucoup de grands panditas indiens, dont Nagarjouna, Aryadéva, Chandrakirti et Shantidéva, enseignèrent à Nalanda.

Au sommet de sa gloire, Nalanda abritait plus de 10.000 étudiants et 2.000 professeurs. L’université était considérée comme un chef d’œuvre architectural, elle était caractérisée par un hall élevé et un portail. Nalanda comportait huit ensembles de bâtiments et dix temples en plus de nombreuses salles de méditations et d’étude. Elle était entourée de parcs et de lacs.

Les sujets enseignés à l’Université de Nalanda couvraient chaque domaine de la connaissance ce qui attirait des étudiant de Corée, du Japon, de Chine, du Tibet, d’Indonésie, de Perse et de Turquie. Les étudiants apprenaient les sciences, l’astronomie, la médecine et principalement la métaphysique et la philosophie.

La librairie de Nalanda appelée Dharma Gunj (Montagne de Vérité) ou Dharmagañja (Trésor de Vérité) rassemblait la collection de connaissances bouddhistes la plus connue du monde. Cette collection était réputée pour comprendre des centaines de milliers de volumes. Quand, en 1193, elle fut incendiée par les envahisseurs musulmans menés par le Turc Bakhtiar Khilji, elle brûla pendant des mois.

Sa Sainteté le Dalai Lama dit souvent que la tradition tibétaine du bouddhisme fait partie de la tradition de Nalanda. On peut donc dire que les érudits actuels du bouddhisme tibétain gardent vivante la tradition de l’Université de Nalanda.

imageimageMoines Thaï passant devant le stoupa de Shariputra

Exemples d’altruisme véritable

Nous serions très heureux de recevoir des témoignages, anecdotes et récits concernant des actions dont tout indique qu’elles relèvent d’un altruisme authentique. 

Il peut s’agir d’exemples dont vous avez été témoin ou dont vous avez entendu parler, de faits contemporains ou appartenant à un passé lointain ; d’actes héroïques ou de manifestations de fraternité et de dévouement dans la vie quotidienne, de comportements bienveillants et désintéressés, inspirés par le souci d’autrui et le sens de la solidarité.

L’altruisme peut être défini comme « un état mental désirant le bien-être d’autrui ». Il peut être considéré comme authentique si l’accomplissement du bien d’autrui constitue la motivation première et le but ultime d’un comportement particulier. L’altruisme peut qualifier un état mental momentané, ou correspondre à une disposition durable, à une manière d’être.

Pour être véritablement altruiste un acte ne doit pas être motivé par le désir d’en retirer des avantages personnels, à court ou à long terme, ni par l’envie d’être loué ou de recevoir des marques de gratitude, ou par la crainte d’être critiqué si l’on s’abstient de venir au secours de l’autre. De même, une action ne sera pas altruiste si l’on agit dans le seul but de soulager la détresse personnelle que l’on ressent devant la souffrance de l’autre.

Si vous souhaitez partager avec nous des anecdotes inspirantes, des documents en fichier attaché ou des références de publications, veuillez cliquer sur le lien http://www.altruism-forum.fr

Bodhgaya, le trône de diamant de l’Inde

Cinq siècles avant la naissance avant la naissance du Christ, un ascète émacié se leva de son lieu de méditation, au terme de six années passées à effectuer d’extrêmes austérités dans la forêt. Il marcha d’un pas mal assuré vers la rivière Niranjana. Il s’effondra en cours de chemin. Il revint à lui grâce à une jeune villageoise qui lui apporta du riz au lait. Après avoir recouvré ses forces et s’être baigné dans les eaux de ce fleuve tropical bordé de sable argenté et frangé de palmiers, il comprit que mortifier le corps ne mène pas à l’Eveil.

Il se dirigea vers un arbre majestueux à l’ombre duquel il s’assit, en faisant le voeu de ne pas se lever avant d’avoir compris la nature ultime de l’esprit et de la réalité. Il passa donc la nuit assis sous le Ficus religiosa que l’on appelle désormais l’Arbre de la Bodhi. Ce lieu allait être connu sous le nom de ‟Trône de Diamant de l’Inde”, l’actuel Bodhgaya et cet homme n’était autre que Siddharta Gautama qui à l’aube devint l’Eveillé, le Bouddha.

Avant l’aube et jusqu’après le crépuscule, des milliers de pèlerins font le tour de l’Arbre de la Bodhi et du Temple monumental qui le jouxte à l’arrière. Ils murmurent des mantras, égrènent leurs rosaires, chantent les paroles du Bouddha ou louent sa sagesse. Des montagnards descendus des lointaines vallées de l’Himalaya, portant encore leurs vêtements de peaux et de laine épaisse, côtoient des fidèles du Sri Lanka vêtus de coton d’un blanc immaculé, des moines Thaïlandais en robe safran, des nonnes Chinoises en bleu, des Japonais habillés de noir et des Occidentaux qui déambulent, affublés de toutes sortes de tenues. Assis à l’ombre, de vieux moines font sans cesse tourner de gros moulins à prières.

Des centaines de pèlerins, pour la plupart Tibétains, se prosternent devant le Temple. Ils n’adorent pas un dieu, mais expriment ainsi leur respect envers l’ultime sagesse du Bouddha. Les deux à trois mille prosternations qu’ils effectuent par jour, glissant sur de lisses planches de bois, sont un vibrant hommage au corps, à la parole et à l’esprit d’Eveil du Bouddha. Ils prient afin de purifier leur propre corps, parole et esprit de tout obscurcissement. Dans ce contexte, l’ennemi est l’ignorance, le champs de bataille est le samsara – le monde de l’existence conditionnée – et la victoire consiste à s’affranchir de la souffrance.

On dit que non seulement le Bouddha Shakyamouni, mais les mille et deux Bouddhas de cette ère, ont atteint et atteindront l’Eveil en ce lieu même que l’on considère comme un ‟jardin suspendu” au milieu de cet âge sombre. Le poète bouddhiste Asvagosha dénomma Bodhgaya ‟le nombril du monde”.

On pense que l’empereur Ashoka construisit le premier monument commémorant l’Eveil du Bouddha près de l’Arbre de la Bodhi, vers le IIIè siècle avant J.-C. Selon les récits détaillés de Huien Tsang, le célèbre pèlerin et érudit chinois, un édifice plus important fut érigé au VIIè siècle. Une communauté de plusieurs milliers de moines fut fondée près de ce monument. Les vagues d’invasions musulmanes qui déferlèrent au XIIè siècle firent disparaître le bouddhisme du sol indien; cet édifice fut lui aussi détruit. Au XIVè siècle, les rois de Birmanie restaurèrent le grand Temple. Mais il tomba à nouveau en ruine. Au fil du temps, le sable déposés par les inondations et le vent le recouvrirent partiellement jusqu’au XIXè siècle, moment où le royaume de Birmanie et un Anglais très déterminé, Alexander Cunningham, entreprirent de le restaurer sous sa forme actuelle. C’est ainsi que le grand Temple fut ressuscité.

Il y a trente ans, peu de pèlerins se rendaient à Bodhgaya qui se dressait sereinement au beau milieu de la campagne du Bihar. Aujourd’hui, Bodhgaya est un lieu vibrant d’une puissante et ineffable sérénité, en contraste frappant avec l’agitation chaotique de la ville voisine de Gaya. Plus d’une vingtaine de monastères de tous les pays bouddhistes ont été construits à quelques kilomètres du monument principal et abritent les pèlerins qui viennent en nombre sans cesse croissant.

Lorsque le Dalaï-lama conféra l’initiation du ‟Tantra de la Roue du Temps”, appelé Kalachakra, en 1985, deux cent mille fidèles s’étaient rassemblés pour assister à ces enseignements, y compris les principaux maîtres spirituels des différentes traditions du bouddhisme tibétain. Des milliers de gens avaient réussi à venir du Tibet. Traversant les hauts cols enneigés, ils avaient bravé les gardes-frontière afin d’échapper pour quelques semaines à la répression impitoyable du régime communiste chinois. Certains d’entre eux avaient payé de leur vie ce périlleux voyage.

Il était extraordinaire de voir ces Tibétains assis aux premiers rangs de la foule, leur rêve comblé au-delà de toute imagination. Car non seulement, ils pouvaient contempler le chef et maître spirituel qu’ils aimaient tant, mais ils pouvaient rester assis toute la journée pendant une semaine en face de lui! Animés d’une ferveur qui jaillissait du tréfonds de leur coeur, ils contemplaient le Dalaï Lama d’un regard aussi clair que le ciel.

En Occident, un tel événement aurait demandé des mois de préparation accompagnée d’une logistique sophistiquée. Ici, en l’espace d’une ou deux semaines, des milliers de tentes qui servaient de restaurants le jour et de dortoir la nuit, avaient poussé comme des champignons. Les marchands indiens étaient également au rendez-vous. Deux cent mille personnes sont venues, ont séjourné puis sont reparties sans grand tumulte. Lorsque les enseignements s’achevèrent, la foule disparut aussi soudainement qu’elle s’était formée, rappelant ces vers :

A voir des milliers de pèlerins

Qui se séparent et se dispersent,

Je songe qu’en vérité cette séparation

Illustre l’impermanence des phénomènes.

Comme les nuages d’automne, la vie est éphémère.

Parents, proches :

Passants sur la place du marché!

Telle la rosée sur le bout des tiges,

La fortune est évanescente.

Telle une bulle à la surface de l’eau,

Le corps est fragile et transitoire.

Les affaires du samsara sont futiles ;

Seul compte le saint Dharma.

La chance de s’y consacrer

N’apparaît qu’une fois : maintenant.

image Le grand stoupa de BodhgayaimageSa Sainteté le Dalaï-lama à sous l’arbre de la Bodhi imageL’arbre de la BodhiimageLe stoupa érigé en mémoire de Dilgo Khyentsé Rinpotché

Que faire lorsque j’ai été cause de souffrance pour autrui?

Eprouver de la culpabilité n’est d’aucune aide. En revanche, éprouver du regret peut-être un précieux moyen de progresser.

La culpabilité créé dans l’esprit l’impression que l’on est durablement et intrinsèquement indigne ; ce qui n’est vrai pour personne. Il est plus fructueux de regretter les actes négatifs que vous avez perpétrés et de prendre la résolution de ne pas répéter les mêmes erreurs, de mieux faire à l’avenir et, si possible, de réparer le tort que vous avez commis.

Le point principal est d’éviter d’être malveillant et de faire intentionnellement du mal aux autres. Toutefois, s’il vous arrive de faire souffrir autrui, résultat de votre propre confusion intérieure, blâmez la confusion, et non pas vous-même. Vous n’êtes pas la confusion, vous n’êtes pas la colère, vous n’êtes pas l’attachement, au même titre que vous n’êtes pas non plus la grippe, la fièvre ou le paludisme qui vous frappent. Vous êtes momentanément affectés par ces facteurs. Donc, même dans cette situation, il y a toujours un potentiel de changement.

Réponse à la question : ‟Comment gérer les sentiments de désespoir et d’inutilité ?”

Réfléchissez à ceci : quoi qu’il advienne, Il n’y a rien, en chacun des êtres humains, vous ou n’importe qui d’autre, qui soit fondamentalement mauvais. Pour le bouddhisme, la nature de bouddha est présente en chaque être sensible, comme l’huile dans une graine de sésame.

Il ne s’agit pas d’une simple croyance naïve. Pensez à la nature fondamentale de l’esprit. Elle est encore plus fondamentale que le bonheur ou la souffrance. La conscience pure, qui est à la base de tout événement mentale mais n’est pas affectée par ces événements est la qualité quintessentielle de l’être. Comment pourrait-elle se détériorer ? Seuls les contenus de l’esprit, les fabrications mentales, peuvent nous induire en erreur. Ces erreurs, il est vrai, peuvent s’avérer catastrophiques. Toutefois, la nature fondamentale de l’esprit demeure la même.

C’est là un point crucial. Les événements mentaux résultent d’innombrables causes et conditions qui sont par nature impermanentes. Il est donc impossible que la conscience soit corrompue de façon permanente. La perception que nous avons de nous-mêmes comme étant un individu fondamentalement « mauvais » ou « bon » perdure aussi longtemps que nous nourrissons les ruminations qui perpétuent cet état d’esprit spécifique qui nous induit à penser que nous sommes « mauvais ».

Comment sortir de ce carcan mental? Essayez de comprendre que ce que vous percevez comme « mauvais » n’est pas une qualité intrinsèque de l’esprit. Comme il ne s’agit pas d’une caractéristique permanente, il n’y a aucune raison d’être désespéré. Il y a toujours une porte de sortie.

Il vous faut nourrir, dans votre esprit, les éléments que vous pouvez utiliser comme antidotes directes aux perturbations mentales.

.  Méditer avec ardeur sur la compassion envers tous les êtres qui souffrent autant que vous, ou le plus souvent, plus que vous.

.  Voir la nature de vacuité des pensées lorsque vous les contemplez directement.

.  Susciter en votre esprit des images mentales très différentes de celles qui d’habitude déclenchent vos états de souffrance (songez, par exemple, à un lieu où tout est paisible et harmonieux).

. Regardez au tréfonds de vous-même ce ‟lieu” intérieur, ou état d’expérience, qui n’est pas affecté par la souffrance, et reposez vous en ce lieu.

Mais surtout, ne perdez jamais confiance dans le fait qu’il y a toujours en vous-même un potentiel de changement. Nous sous-estimons grandement le pouvoir de transformation de l’esprit. L’esprit peut être notre pire ennemi comme notre meilleur ami.

«On n’a jamais vu de coffre-fort sur un corbillard. »

Une personne âgée que j’ai rencontrée récemment déplorait l’attachement que certains de ses amis entretenaient à l’égard de l’argent, même à l’approche de la mort. Elle conclut en remarquant : «On n’a jamais vu de coffre-fort sur un corbillard. »

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Qu’aimerions-nous transmettre à nos enfants ? Une belle image de nous-même ? Des biens matériels qu’ils se disputeront peut-être ? Ne vaut-il pas mieux leur léguer une source d’inspiration, une vision des choses qui ait un sens et qui puisse leur donner confiance à chaque instant de leur vie.

La richesse peut être un remarquable moyen de faire le bien autour de soi et, partant, de mener une vie fructueuse. Mais elle comporte également le risque de forger une existence misérable et de faire du tort à autrui. Comme tout outil, elle peut servir à construire ou à détruire : ou elle facilite le bien-être et la générosité, ou elle engendre sont lot d’écueils tels que la convoitise, l’orgueil, et l’insatisfaction qui sont autant d’obstacles au bonheur authentique.

Les études sociologiques montrent qu’en moyenne les gens ne sont pas plus heureux qu’ils ne l’étaient il y a cinquante ans alors que le revenu moyen a plus que doublé. Comme l’explique Richard Layard, Professeur à la London School of Economics, « Nous avons plus de nourriture, plus de vêtements, plus de voitures, nous vivons dans de plus grandes maisons, dotées de chauffage central, nous passons davantage de vacances à l’étranger, nous avons une semaine de travail plus courte et jouissons, avant tout, d’une meilleure santé, et pourtant nous n’en sommes pas plus heureux pour autant. Si nous voulons être heureux, nous devons comprendre ce que sont les réelles conditions qui engendrent le bonheur et la façon les cultiver. »

Il est évident que pour ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, une augmentation de leur revenu entraîne une augmentation considérable de leur qualité de vie.  Mais de nombreuses études ont montré qu’au delà de ce seuil, le fait de doubler ou de tripler la richesse ne s’accompagne pas d’un accroissement de la satisfaction de vie.

L’argent ne fait pas le bonheur… sauf si on le donne.

Par ailleurs, d’autres travaux on montré que, dépensé pour autrui, l’argent peut faire le bonheur. Il existe incontestablement un lien entre altruisme et bonheur . Des études ont prouvé qu’il est émotionnellement plus bénéfique de donner que de recevoir. « Nous avons constaté que les gens qui avaient déclaré dépenser le plus d’argent pour autrui étaient aussi les plus heureux », dit Elisabeth Dunn, auteure principale d’une étude* mesurant le degré de satisfaction de personnes ayant dépensé de l’argent pour elles-mêmes ou ayant donné de l’argent dans un but altruiste. Cette observation s’est vérifiée, aussi bien pour la philanthropie à grande échelle que pour les donations d’un montant de 5 dollars.

Les travaux de Martin Seligman, pionnier de la « psychologie positive », ont également montré que la joie que l’on éprouve à entreprendre un acte de bonté désintéressée procure une profonde satisfaction. Pour vérifier son hypothèse, il a demandé à un groupe de ses élèves de passer quelques jours à sortir s’amuser et à un autre groupe de participer à une activité philanthropique, puis d’écrire un rapport pour le cours suivant. Les résultats ont été saisissants : la satisfaction provoquée par une activité agréable (sortir avec des amis, voir un film, ou déguster une glace) était largement moindre que celle qu’engendre un acte de bonté. Un acte spontané mettant en jeu des qualités humaines pouvait améliorer toute la journée des sujets ; ceux-ci ont noté qu’ils étaient plus attentifs, plus avenants et plus appréciés des autres ce jour-là. L’altruisme n’exige donc pas un « sacrifice » pénible, mais engendre le double accomplissement du bien d’autrui et du nôtre.

* E. W. Dunn, L.B. Aknin, M.I. Norton, ‟Spending Money on Others Promotes Happiness”, Science, 21 mars 2008.

** Merci à notre ami Gabs pour les dessins qu’il a réalisé pour ce blog