Paroles d’Alexandre Jollien — 2

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Pouvons-nous changer : « Le vrai changement doit être prêché par l’exemple. De nos jours la société fait de la réussite une affaire purement individuelle. »

La cristallisation du moi : « C’est un phénomène de protection. En croyant se protéger on crée sa prison, dans laquelle cela finit par sentir le renfermé. »

Sur la coopération : « Il faut montrer que la solidarité n’est pas seulement une vertu mais participe de la nature de l’existence. Coopérer c’est vivre. »

Une éducation éclairée : « Des parents libres peuvent enseigner la liberté. Il s’agit avant tout de se libérer de soi et de ses préjugés. Trop souvent on envisage la liberté comme un laissez aller, un autoritarisme, alors que c’est le contraire de la liberté intérieure. Une éducation éclairée prend racine dans l’exemple de parents ouverts à l’autre, prêts à aider. Trop souvent, nous sommes des mendiants d’affection et l’autre devient un moyen. Il est instrumentalisé. Il s’agit donc de montrer la valeur de chaque vie et la beauté de l’altruisme. »

L’économie altruisme : « C’est une économie qui change d’angle, qui passe du ‟je” au ‟nous”. »

Paroles d’Alexandre Jollien — 3

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La violence dans les médias : « C’est une banalisation du mal qui fait croire que le sensationnel est une prise de pouvoir sur l’autre, alors que le sensationnel relève d’un héroïsme quotidien — un petit sourire réitéré à la veille dame voisine de palier, un petit coup de main. Il faut réhabiliter l’acte gratuit. »

L’instrumentalisation des animaux : « Quand l’individu devient roi, il juge tout à l’aune de ses propres intérêts et décide de la vie d’un autre être sensible. »

Sur l’environnement : « Le ‟je”, en se coupant de ce qui l’environne finit par le mépriser après l’avoir instrumentalisé. Prendre en compte les êtres qui vont naître c’est sortir du ‟moi seulement” et dilater mes intérêts pour qu’ils épousent l’ensemble des êtres sensibles. C’est à proprement parler une naissance. »

Eloge de la fraternité « La notion de fraternité nous sort d’une logique hiérarchique qui écrase l’autre. Le frère et la sœur sortent de la comparaison. Ils sont aimés pour ce qu’ils sont. Etre frère ou sœur c’est ne plus consommer l’humain mais cohabiter, vivre ensemble, œuvrer au bonheur ensembles. »

Oser l’altruisme : « L’altruisme relève d’une audace précisément parce qu’elle fait s’effondrer les anciens repères qui nous installent dans le ‟moi d’abord”. Il s’agit de réapprendre à être véritablement libre loin des aliénations qui nous rendent prisonniers de ce que nous croyons être. »

Fazel Abed et l’extraordinaire accomplissement de BRAC

Lorsque j’ai rencontré Fazel Abed pour la première fois à Vancouver, en prenant une tasse de thé lors d’une conférence pour la paix avec Sa Sainteté le Dalaï-lama, je n’avais aucune idée de qui il était. Quand il me demanda ce que je faisais, je lui ai dit que je m’occupais d’une organisation humanitaire qui avait construit une trentaine d’écoles et une quinzaine de cliniques. Il me répondit sans la moindre affectation : « J’ai construit 35 000 écoles. » Je me suis senti tout petit. À une autre occasion, à Delhi, il m’a dit : « C’est tout simple, tu n’as qu’à multiplier ce que tu fais par cent. »

C’est en tout cas ce que lui a fait. Né au Pakistan Oriental, qui allait devenir le Bangladesh, Fazel Abed étudia d’abord l’architecture navale à l’Université de Glasgow, puis, du fait qu’il n’y avait quasiment pas de chantiers navals au Pakistan Oriental, il fit des études à Londres pour devenir expert-comptable. De retour au Pakistan Oriental, Fazel fut embauché par la compagnie Shell et gravit rapidement les échelons en raison de ses compétences. Il se trouvait posté à Londres lorsque, en 1970, un cyclone dévasta son pays, faisant 300 000 victimes. Fazel décida de quitter son emploi hautement rémunéré et de repartir au Pakistan Oriental où, avec quelques amis, il créa HELP, une organisation dont le but était d’aider les plus sinistrés de l’île de Manpura, laquelle avait perdu les trois quarts de sa population. Il fut contraint de quitter à nouveau le Pakistan Oriental lors des combats qui précédèrent la séparation d’avec le Pakistan Occidental, et il créa une ONG pour soutenir la cause de l’indépendance de son pays auprès des pays européens.

Lorsque la guerre d’indépendance fut terminée, fin 1971, Fazel vendit son appartement à Londres et partit avec tous ses biens pour voir ce qu’il pourrait apporter à son pays. Le pays sortait d’une guerre dévastatrice, et les 10 millions de personnes qui s’étaient réfugiées en Inde étaient revenues. Fazel choisit de commencer ses activités dans une région rurale reculée du nord-est, et fonda BRAC (Bangladesh Rural Advancement Committee). Grâce à son génie de l’organisation et à sa lucidité, BRAC est maintenant devenu la plus grande ONG au monde. À ce jour, cet organisme a aidé 70 millions de femmes et, en tout, plus de 110 millions de personnes dans 69 000 villages. Il emploie 80 000 bénévoles et 120 000 salariés dans un nombre sans cesse croissant de pays, en Afrique notamment, ou Fazel Abed a constaté que son modèle d’intervention à de multiples niveaux — micro-crédit (80 millions de personnes en ont bénéficié par l’intermédiaire du BRAC), éducation, gestion de l’eau potable, amélioration de l’hygiène, etc. — était tout à fait approprié et efficace dans des régions où très peu d’autres programmes avaient réussi. Il n’est pas exagéré de dire que BRAC a changé le paysage du Bangladesh. Il n’y a pas un endroit, dans les campagnes, où le sigle de BRAC n’est pas apposé sur une école, un centre de formation de femmes, ou un atelier de planning familial.

Fazel Abed a réussi son pari. Il n’a pas seulement multiplié ses activités par cent, mais par cent mille, tout en conservant la même efficacité et la même qualité. Au Forum Économique Mondial de Davos, où bon nombre de participants arrivent en jets privés à l’aéroport de Milan, puis en hélicoptère ou en limousine, un matin, à 5 heures, à la fin du Forum de 2010, je retrouvai Fazel, assis seul dans l’obscurité d’un car qui devait nous emmener à l’aéroport de Zurich. Cela en disait long, pour moi, sur la simplicité et la modestie derrière laquelle se cache l’indomptable détermination qui lui a permis d’accomplir une si grande tâche.

Plus d’armes pour moins de crimes ? C’est le monde à l’envers.

En réponse au massacre d’enfants de l’école primaire Sandy Hook à Newtown dans le Connecticut aux Etats-Unis, Wayne LaPierre, vice-président exécutif de l’association nationale d’armes (National Rifle Association), dit que « La seule chose qui peut arrêter un méchant armé, c’est un gentil armé. »

D’après Jim Wallis, un évangéliste chrétien dont l’association Sojourners a pour but de contribuer à redresser les injustices sociales, « cette réponse est au cœur du problème de la violence par arme aux Etats-Unis aujourd’hui — non seulement parce qu’elle est fausse, ce qu’elle est en en effet, mais aussi perce qu’elle est erronée sur le plan moral, dangereuse sur le plan théologique, et répugnante sur le plan religieux. »

Jim, avec qui j’ai eu l’occasion de discuter à de nombreuses reprises, donne l’exemple suivant : « le Révérend Phil Jackson, un jeune pasteur des rues très dynamique de Chicago, me dit que Chicago a compté 2400 fusillades en 2012, dont 502 ont causé des morts. Plus de 100 de ces morts étaient des enfants allant de l’école élémentaire au lycée. La grande majorité des personnes et enfants décédés étaient de couleur — afro- et latino-américains. Cela fait plus de morts par arme à Chicago que de décès parmi les troupes américaines en Afghanistan l’année dernière. Une ville seulement. »

Jim Wallis, ‟The NRA’s Dangerous Theology”, (anglais uniquement), accessible via www.sojourners.org, 17 janvier 2013.

Muhammad Yunus, ou comment ne pas rétrécir l’être humain – 1

« La crise d’aujourd’hui est due à l’homme, ce n’est pas comme un tsunami, un désastre naturel. Comment l’avons-nous provoquée ? Nous avons transformé le marché financier en jeu de casino. Ce marché, aujourd’hui, est commandé par l’avidité, la spéculation, et non par la production réelle. Quand vous passez de l’économie réelle à l’économie spéculative, voilà ce que vous obtenez.

Nous devons tout repenser. Quand nous ne faisons que courir après l’argent et maximiser les profits, cela devient une passion, puis une habitude. Cette activité absorbe toute notre attention et nous devenons des espèces de machines à faire de l’argent. Nous devons nous rappeler que nous sommes des êtres humains, et qu’un être humain est une entité bien plus vaste. Nous oublions notre but. Faire de l’argent ne peut pas tout résoudre. Cela nous rétrécit, nous réduit à être des machines à profit.

Quand je vois un problème, j’ai immédiatement envie de créer une activité économique qui le résoudra. L’argent des organisations caritatives ne remplit cette fonction qu’une fois. Dans l’entreprise sociale, les profits ne vont pas aux investisseurs, mais à la société. Une entreprise sociale peut devenir indépendante et avoir une durée de vie illimitée. C’est une compagnie sans dividende conçue pour résoudre des problèmes sociaux. Elle doit être efficace, pas pour gagner de l’argent, mais pour que les choses se fassent. Dans l’économie conventionnelle, l’objectif est de faire du profit. Dans l’économie sociale, l’objectif est de réaliser un projet qui profite à la communauté.

Prenons un exemple. Il y a 160 millions d’habitants au Bangladesh, et 70 % d’entre eux n’avaient pas d’électricité. Cela m’a fait penser : « Voilà une bonne occasion de faire quelque chose d’utile ». Nous avons donc créé Grameen Energy pour fournir de l’énergie solaire, renouvelable, dans les villages. Au début, nous vendions à peine une douzaine de panneaux par jour, à un prix légèrement au-dessus du prix coûtant simplement pour pouvoir maintenir l’activité. Aujourd’hui, seize ans plus tard, nous vendons mille panneaux par jour et, en novembre 2012, nous avons dépassé le chiffre symbolique d’un million de foyers équipés de systèmes solaires.

La conséquence a été que le prix des panneaux solaires a baissé. Comme, dans le même temps, celui du pétrole a flambé, il est encore plus attrayant pour les pauvres de disposer d’une énergie renouvelable. Il a fallu seize ans pour toucher un million de foyers, mais il nous faudra moins de trois ans pour en toucher un million de plus. Nous n’avons pas fait cela pour gagner de l’argent, mais pour réaliser un objectif social. Le fait d’utiliser le pétrole pour faire la cuisine et éclairer les maisons est la cause de nombreux problèmes de santé et d’incendies. L’énergie renouvelable est donc bonne à la fois pour l’environnement et pour la santé et la subsistance des gens.

Un autre exemple. Au Bangladesh, on a persuadé la fabrique de yaourts Danone d’aider à résoudre le problème de la malnutrition. Comme 48 % des enfants souffrent de malnutrition, on a mis dans les yaourts tous les nutriments indispensables, et on a fait en sorte qu’ils soient en même temps délicieux et bon marché. Si nous avons réussi, c’est parce que Danone a accepté d’agir comme une entreprise sociale, et non pour faire du profit. »

Extraits de propos de Muhammad Yunus prononcés à l’Université de la Terre, UNESCO, à Paris, le 27 avril 2013.

Muhammad Yunus, ou comment ne pas rétrécir l’être humain – 2

« Les deux tiers de la population du Bangladesh sont plongés dans la pauvreté. Ces gens-là n’ont rien à faire avec les banques. Les mains vides, ils sont impuissants. Le microcrédit est arrivé pour remplir le vide laissé par les banques. Au début, les grandes institutions financières ont déclaré que c’était impossible. Nous leur avons montré que cela fonctionnait très bien.

Grameen Bank ne fait venir aucun argent de l’extérieur. Nous recevons uniquement l’argent que les gens déposent chez nous. Il s’agit pour la plupart de femmes qui nous font de petits emprunts et nous confient aussi leurs économies, quand elles en ont un peu. Nous devons proposer aux femmes à qui nous prêtons des plans qu’elles sont capables de comprendre, et qui sont à la fois simples et attrayants. Nous avons actuellement 8,5 millions d’emprunteurs dans 80 000 villages. Ce ne sont pas les gens qui doivent venir à la banque, c’est Grameen Bank qui, chaque semaine va vers eux, jusqu’à leur porte.

Je n’ai jamais acheté ni possédé une seule action de Grameen Bank. L’argent ne m’intéresse pas. Aujourd’hui, après 37 ans d’expérience, nous prêtons chaque année 1,5 milliard de dollars. Et plus de 99 % de cette somme sont remboursés.

De nombreuses grandes compagnies possèdent des fondations caritatives. Celles-ci pourraient facilement se convertir à l’économie sociale et devenir des instruments beaucoup plus puissants. Elles ne signeront pas de chèques. Dans les entreprises sociales, vous devez vous engager vous-mêmes et apporter votre sollicitude et votre pouvoir créatif. Cela devient ainsi beaucoup plus gratifiant.

La science-fiction a toujours une longueur d’avance sur la science. Mais une grande partie de ce qu’était hier de la science-fiction est aujourd’hui de la science. De la même façon, on devrait écrire de la « sociale fiction » et inspirer les gens, qui se diraient alors : Pourquoi pas ? On n’opère pas de vrais changements en faisant simplement des prédictions. Celles-ci sont notoirement connues pour ne pas prédire correctement le futur. Personne n’a prédit la chute du mur de Berlin, ou de l’Union soviétique, mais cela s’est passé très vite. Nous devons donc imaginer le futur, puis le faire devenir réalité. »

Extraits de propos de Muhammad Yunus prononcés à l’Université de la Terre, UNESCO, à Paris, le 27 avril 2013.

Un évènement à ne pas manquer : le premier Symposium européen de l’Institut Mind and Life, Berlin du 10-13 Octobre 2013

Depuis 2012, l’Institut Mind and Life a créé une branche européenne, basée à Zürich. Un comité consultatif composé de scientifiques, contemplatifs, philosophes et conseillers, s’est réuni à plusieurs reprises à Paris et à Berlin. Parmi les différentes initiatives qui ont été lancées figure un symposium européen qui aura lieu à Berlin du 10 au 13 octobre 2013.

Les participants incluent des chercheurs en neurosciences, des cliniciens, des spécialistes de l’éducation, des philosophes, des économistes, et des contemplatifs, qui vont interagir autour du thème du « Changement personnel et sociétal sous l’angle des sciences contemplatives. »

Parmi les intervenants figureront des experts de renommée mondiale tels que Wolf Singer, Tania Singer, Otto Scharmer, Mark Williams, Michel Bitbol, Dennis Snower, Matthieu Ricard, et beaucoup d’autres.
Vous pouvez trouver toutes les informations et précisions nécessaires, et vous inscrire, en cliquant sur le lien suivant : www.europeansymposium.org. Des places sont encore disponibles.

L’Institut Mind and Life a maintenant 25 ans d’existence depuis qu’il a été fondé par le neuroscientifique d’origine chilienne Francisco Varela et le juriste américain Adam Engle. Au fil des ans, Mind and Life a organisé des réunions remarquables entre Sa Sainteté le Dalaï-lama et certains des plus grands scientifiques de notre temps.
Au cours de dialogues d’une durée de 3 à 5 jours, ces éminents penseurs et chercheurs ont abordé les questions de la nature de la réalité, de la neuroplasticité du cerveau, de la nature de la conscience, de l’entraînement de l’esprit par la méditation, de l’éducation positive, de l’environnement, et de l’éthique.

À la suite de ces discussions, un nombre sans cesse croissant de projets de recherche sur les effets à court et long terme de la méditation a été lancé dans de nombreux laboratoires à travers le monde, y compris ceux de Richard Davidson et Antoine Lutz à Madison, Wisconsin, de Paul Ekman à San Francisco, de Cliff Saron à l’UN D’avis, et de Tania Singer à l’Institut Max Planck à Leipzig, pour n’en nommer que quelques-uns.

De nombreux luminaires contemporains font partie de l’Institut Mind and Life depuis de nombreuses années, parmi lesquels Daniel Goleman, l’auteur de L’intelligence émotionnelle et Jon Kabat-Zinn, qui le premier a lancé le programme du MBSR (Réduction du Stress par la Pleine Conscience).

J’ai eu la chance de faire partie de l’Institut Mind and Life depuis les années 2000. Depuis lors, comme cobaye sur les effets de la méditation et collaborateur, j’ai passé des douzaines d’heures dans les scanners d’IRMf, dans les laboratoires de Richard Davidson, Antoine Lutz, et Tania Singer, qui sont devenus de proches amis.

Après qu’Adam Engle ait pris sa retraite en 2013, le physicien Arthur Zajonc est devenu président de l’Institut, tandis que Diego Hangartner dirige la branche européenne.

Le Dalaï-lama décrit souvent le bouddhisme comme étant, avant tout, une science de l’esprit. L’une des grandes tragédies de notre temps est que nous sous-estimons grandement notre capacité de transformation. Pourtant, la recherche collaborative catalysée par le Mind and Life a montré qu’il est tout à fait possible de se transformer pour le plus grand bien de soi-même et de ceux qui nous entourent, en cultivant l’amour altruiste, la compassion, et la paix intérieure, pensée après pensée, jour après jour, année après année.

Plaidoyer pour l’altruisme : La force de la bienveillance

Altruisme Couverture

Aujourd’hui, Plaidoyer pour l’altruisme sort en librairie. C’est un ouvrage sur lequel j’ai travaillé avec passion pendant cinq ans. Au cours de son élaboration j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer et dialoguer avec la plupart des penseurs et des chercheurs — neuroscientifiques, psychologues, éthologues, environnementalistes, économistes, spécialistes de l’enfance, etc. — dont je rapporte les travaux dans le livre. Toutes ces rencontres, à travers le monde, m’ont convaincu qu’il faut oser l’altruisme. Oser dire que l’altruisme véritable existe, qu’il peut être cultivé par chacun de nous, et que l’évolution des cultures peut favoriser son expansion. Oser, de même, l’enseigner dans les écoles comme un outil précieux permettant aux enfants de réaliser leur potentiel naturel de bienveillance et de coopération. Oser affirmer que l’économie ne peut se contenter de la voix de la raison et du strict intérêt personnel, mais qu’elle doit aussi écouter et faire entendre celle de la sollicitude. Oser prendre sérieusement en compte le sort des générations futures, et modifier la façon dont nous exploitons aujourd’hui la planète qui sera la leur demain. Oser, enfin, proclamer que l’altruisme n’est pas un luxe, mais une nécessité.

Ricard, M. (2013). Plaidoyer pour l’altruisme. Nil Editions.

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Plaidoyer pour l’altruisme : La force de la bienveillance – suite

Abreuvés d’images violentes, confrontés à une société en crise, on n’imagine pas la force de l’altruisme, le pouvoir de transformation positive qu’une véritable attitude altruiste peut avoir sur nos vies au plan individuel et, partant, sur la société toute entière. L’une de nos difficultés majeures consiste à concilier les impératifs de l’économie, de la recherche du bonheur, et du respect de l’environnement.

L’économie et la finance évoluent à un rythme toujours plus rapide. La satisfaction de vie se mesure, elle, à l’aune d’un projet de vie, d’une carrière, d’une famille et d’une génération. Elle se mesure aussi à la qualité de chaque instant qui passe, des joies et des souffrances qui colorent notre existence, de nos relations aux autres. Quant à l’environnement, jusqu’à récemment, son évolution se mesurait en termes d’ères géologiques, biologiques et climatiques. De nos jours, le rythme de ces changements ne cesse de s’accélérer du fait des bouleversements écologiques provoqués par les activités humaines.
Nous avons besoin d’un fil d’Ariane qui nous permette de retrouver notre chemin dans ce dédale de préoccupations graves et complexes. L’altruisme est ce fil qui peut nous permettre de relier naturellement les trois échelles de temps — court, moyen et long termes — en harmonisant leurs exigences.

Si nous avions plus de considération pour le bien-être d’autrui, les investisseurs par exemple ne se livreraient pas à des spéculations sauvages avec les économies des petits épargnants qui leur ont fait confiance, dans le but de récolter de plus gros dividendes en fin d’année. Ils ne spéculeraient pas sur les ressources alimentaires, les semences, l’eau et autres ressources vitales à la survie des populations les plus démunies.

S’ils avaient davantage de considération pour la qualité de vie de ceux qui nous entourent, les décideurs et autres acteurs sociaux veilleraient à améliorer les conditions de travail, de vie familiale et sociale, et de bien d’autres aspects de l’existence. Ils seraient amenés à s’interroger sur le fossé qui se creuse toujours davantage entre les plus démunis et les plus nantis.

Enfin, si nous avions davantage de considération pour les générations à venir, nous ne sacrifierions pas aveuglément le monde à nos intérêts éphémères, ne laissant à ceux qui viendront après nous qu’une planète polluée et appauvrie.

Au carrefour de la philosophie, de la psychologie, des neurosciences, de l’économie, de l’écologie, Plaidoyer pour l’altruisme est la somme d’années de recherches, de lectures, d’expériences, d’observation et de réflexion. Il vise à démontrer que l’altruisme n’est ni une utopie ni un vœu pieux, mais une nécessité, voire une urgence, dans notre monde de plus en plus interdépendant à l’heure de la mondialisation.

Ricard, M. (2013). Plaidoyer pour l’altruisme. Nil Editions.

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